L'application de la nouvelle réglementation « Low Sulphur » IMO 2020 n’est plus qu’une question de jours. Annoncée comme un véritable tournant pour tout l'écosystème maritime, l'interdiction mondiale du fuel-oil lourd (Heavy Fuel Oil, HFO) n'a toutefois pas attendu le 1er janvier prochain pour produire ses effets.
Après plusieurs mois sans reliefs, le marché du fret maritime a nettement rebondi en novembre. Nous avons ainsi constaté une hausse de 21 % des taux d’octobre à novembre. La cause est identifiée : les transporteurs ont anticipé une demande en hausse dans un contexte de capacité réduite. De nombreux navires se trouvent en effet à l’arrêt pour être équipés de scrubbers, ces systèmes de nettoyage de fumées qui permettront à ceux qui en seront dotés de continuer à consommer du HFO. Au même moment, l'activité repart à la hausse par effet d’anticipation du Nouvel an chinois 2020, plus précoce l’an prochain (le 25 janvier contre le 5 février en 2019). Ces phénomènes conjoncturels s'additionnent à la hausse structurelle des taux de fret en fin d'année.
Pour le chargeur, un surcoût jusqu’à 150$/EVP
Cette hausse de novembre en annonce d’autres. Dès le 1er décembre, les compagnies commenceront à appliquer les surcharges IMO 2020. Entre l’installation de scrubbers ou le recours à des carburants à faible teneur en soufre mais plus chers (comme le fuel “low sulphur” VLSFO ou le Gaz naturel liquéfié - GNL), les transporteurs comptent bien partager la facture. Selon de nombreux analystes, la hausse des prix impactera au final le consommateur, mais, entre les deux, les chargeurs ne seront pas épargnés.
Selon nos estimations, les chargeurs devraient subir des surcoûts compris entre 50 et 150$/EVP.
Marché atone, surcharges minimisées ?
L’application de la nouvelle réglementation intervient toutefois en plein essoufflement du fret maritime mondial. La “peak season” et la Golden Week n’ont pas provoqué le rush escompté cette année et le rebond de novembre pourrait être plus faible que les années précédentes.
Du côté du World Container Index (WCI) ou du Shanghai Containerized Freight Index (SCFI), 2019 restera un cru moyen, en légère érosion par rapport à 2018. Une tendance que l'on observe également du côté du Freightos Baltic Index (FBX). Le transport de vrac sec est lui aussi touché ; le Baltic Dry Index a ainsi vu sa valeur fondre cet automne, après un pic atteint au cours de l'été.
Quant aux perspectives pour 2020, sur fond de guerre commerciale Chine-Etats-Unis toujours latente, les analystes se montrent prudents. En matière de taux de fret, cette demande faible pourrait contrebalancer les effets tarifaires inévitables de la nouvelle réglementation. Mais à plus long terme, un marché atone n’est bon pour personne.
Certains transporteurs jouent la transparence
Pour les chargeurs, la bascule vers 2020 se passera d'autant plus en douceur qu'une certaine transparence sera garantie. Se voulant rassurantes à ce sujet, certaines compagnies ont pris les devants.
Mi octobre, l'European Shippers' Council (ESC) et le cabinet britannique Drewry ont par exemple annoncé la mise en place d'un mécanisme d'indexation “IMO 2020 BAF”. Celui-ci permettra chaque trimestre d'ajuster la surcharge BAF (Bunker Adjustment Factor) en fonction des prix moyens constatés au trimestre précédent. Les chargeurs devraient dès lors pouvoir “mieux analyser les coûts de fuel actuels et à venir”, a estimé Jordi Espin, responsable des questions maritimes à l'ESC.
Pour les chargeurs, l'accès à des informations complètes et fiables sera déterminant pour traverser cette période de transition sans heurts. Un commissionnaire de transport digital bien établi est justement capable de vous aiguiller vers les meilleurs itinéraires, les modes de fret alternatifs et les prix les plus bas du marché. Quand tous les coûts sont identifiés, il est toujours plus facile de faire les bons choix.